Apoutchou National : Quand l’exhibitionnisme finit par enfermer

Source: Instagram

S’il est reconnu pour ses sorties provocatrices et ses interventions percutantes sur les réseaux sociaux, cette fois, Apoutchou National aurait peut-être dû faire preuve de plus de discrétion. Stéphane Agbé, alias Apoutchou National, l’un des influenceurs ivoiriens les plus suivis, semble aujourd’hui être pris à son propre jeu. Sa quête de liberté d’expression, qui lui a permis d’atteindre une certaine notoriété, pourrait bien se transformer en piège. Retour sur cette affaire où l’exhibitionnisme se heurte aux limites de la loi.

Les dégâts de la culture du « show money »

Apoutchou National est bien connu pour ses démonstrations de richesse ostentatoire, qu’il n’hésite pas à afficher lors de ses lives. Mais cette fois-ci, son dernier acte n’a pas été accueilli comme d’habitude. Lors d’une de ses vidéos en direct, il a exhibé des liasses de billets de banque étalées au sol, une scène qui n’a pas tardé à faire jaser sur les réseaux sociaux.

Si cette attitude fait partie de son image de marque, elle a toutefois suscité de nombreuses interrogations concernant l’origine de cette somme d’argent. Jugé comme provocateur, Apoutchou a été placé en détention par le parquet ivoirien, dans le cadre de la loi n°2023-875 du 23 novembre 2023 sur la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.

Une réponse qui ne convainc pas

Interrogé sur la provenance des fonds, Apoutchou National a déclaré que l’argent provenait de Leonel PCS, un bookmaker spécialisé dans les paris sportifs. Selon ses dires, Leonel lui aurait confié un sac d’argent destiné à l’achat d’une voiture, et Apoutchou en aurait profité pour étaler sa richesse de manière publique.

Mais cette explication ne semble pas avoir convaincu les autorités judiciaires, qui poursuivent leurs investigations pour déterminer l’origine exacte de cet argent.

Les conséquences juridiques : une peine sévère en cas de culpabilité

Si les enquêtes confirment que l’argent est d’origine illégale, les suspects risquent une peine de prison pouvant aller jusqu’à 5 ans, ainsi qu’une amende pouvant atteindre 246 millions de francs CFA. L’affaire a suscité de vives réactions, tantôt préoccupées pour Apoutchou, tantôt ironiques, à l’égard de l’influenceur et de ses habitudes d’exhibition.

Les autorités ivoiriennes poursuivent leurs investigations pour clarifier la situation et établir si des infractions ont été commises.

Une affaire qui met la Côte d’Ivoire dans l’inconfort

L’affaire Apoutchou National vient également jeter une ombre sur la Côte d’Ivoire, déjà dans le collimateur du Groupe d’action financière (Gafi), un organisme intergouvernemental chargé de lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cette situation alimente les doutes concernant le train de vie de certains influenceurs ivoiriens, qui peinent à justifier l’origine de leur richesse.

La discrétion a-t-elle disparu ?

À l’heure des réseaux sociaux, l’exhibitionnisme devient un phénomène de plus en plus courant. Beaucoup cherchent à transformer leur quotidien en un spectacle permanent, désirant faire de chaque moment un événement digne d’une star. L’affaire Apoutchou National soulève donc une question essentielle : où sont passées les valeurs de discrétion et de retenue ?

Si le besoin de se montrer est devenu une norme pour certains, il est aussi important de rappeler que parfois, les grandes choses se font dans l’ombre. Le cas Apoutchou National invite donc à une réflexion sur l’équilibre à trouver entre la liberté d’expression et le respect des normes sociales et juridiques.

 

Ainsi se termine l’histoire d’un « show man » qui, dans sa quête de gloire et de reconnaissance, a peut-être oublié les limites imposées par la loi. Dans un monde où l’image et l’exhibition sont omniprésentes, il est parfois nécessaire de se rappeler que l’ombre peut aussi offrir une forme de protection.

 

Lina Djaument